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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 04:19
 

 

Si vous partez au Pérou vous devez savoir…  …un peu d’histoire,  C’est au Pérou, vers 1200 avant J.C., que s’établie la première civilisation en Amérique Latine. Des recherches archéologiques ont dévoilé que les premiers hommes arrivèrent au Pérou il y a environ 20.000 ans. La civilisation la plus marquante, ou la plus connue, est incontestablement celle des Incas. Leur empire s’étendait depuis la Colombie, jusqu’au sud du Chili, en passant par l’Equateur, la Bolivie, le Brésil, l’Argentine et comprenait tout l’actuel Pérou. Le plus grand héritage archéologique de l’empire Inca se situe dans la région de Cuzco, où l’on trouve l’une des sept nouvelles merveilles du monde ; Le Machu Picchu. Le site aurait été abandonné par les Incas à l’arrivée des colons espagnols au XVème siècle puis redécouvert par l’américain Hiram Bingham en 1911. Le Machu Picchu est l’excursion touristique à ne pas manquer. En plus de l’atmosphère mystique que dégagent les lieux, les paysages sont, comme les marches, à couper le souffle !!! Ne manquez pas de vous armer de courage et de monter au sommet du Huayna Picchu (montagne en arrière plan sur la photo) d’où vous dominerez depuis ses 2720m d’altitude, toute la vallée et le site archéologique. Et n’oubliez l’appareil photo !  …que la monnaie nationale est le « Sol ». Un sol = 0,25€. Donc 1€=4 soles.  …où vous loger,  Il existe plusieurs réseaux de maison pour étudiant. Ainsi pour y avoir vécu des moments inoubliables à la façon « auberge espagnole » je vous conseille d’aller faire un tour sur la page Internet d’APU PERU : http://www.student-houses-peru.com/APU.htm  Il s’agit de plusieurs maisons pour étudiants étrangers, en stage ou en étude à Lima. Elles s’appellent respectivement APU1, APU2,…, APU5. Le prix d’une chambre est d’approximativement US$ 200 (prix que je payais en 2008). Pour ce prix vous disposez d’une chambre dans une maison de 10 à 20 personnes, du câble, de l’Internet Wifi, d’une femme de ménage (à vérifier selon la maison), d’une machine à laver, d’un sèche linge, d’une cuisine commune, salle à manger, salons, terrasse et barbecue !!! On vous prête même les draps. Vous serez dans les quartiers animés de Lima où vous trouverez tout ce dont vous avez besoin. Le gérant s’appelle Qcha (qcha@hotmail.com) et sera probablement votre premier ami à votre arrivé à Lima. En bon Sup de Co vous serez ravi de faire sa connaissance et de lui demander de vous préparer un Pisco Sour (Liqueur qui fait la fierté du pays).   …où manger,  Se faire à manger c’est bien. Manger au resto, c’est mieux ! Le Pérou reste un pays extrêmement économique pour un européen. Votre pouvoir d’achat est augmenté d’environ x8 pour la nourriture. Aussi il ne vous coûtera pas plus de 2€ de manger dans un petit restaurant. On vous servira une entrée, un plat de résistance et une boisson (souvent un verre de chicha morada). Vous ne manquerez pas de goûter au CEVICHE (spécialité péruvienne, à base de poisson cru et excellent un lendemain de fête). Les anticuchos de corazon, morceaux de cœur de bœuf marinés, mis en brochettes et grillés vous ferons oublier les recettes de cuisine de Maïté.De manière générale, la cuisine péruvienne est excellente. Les fruits et légumes se vendent d’excellente qualité. On les achète toute l’année.  …ce qui se boit,
Les péruviens aiment la bière. Celle ci s’achète en bouteille de 1litre et se commande en pichet de 1litre dans les bars. En discothèque, pas d’affolement, on trouve tous les alcools consommés en France (Vodka, Rhum, Whisky, etc.)Au Pérou la première boisson gazeuse consommée n’est pas le Coca-Cola américain, mais bien le Inca-Cola péruvien. De couleur jaune, la première gorgée laisse sans grande réaction. Vous échangerez rapidement votre bouteille de Coca-Cola pour la boisson locale ! Préférez l’eau de bouteille à l’eau du robinet et vérifier toujours de boire de l’eau de bouteille dans les restaurants. 

 

…où sortir,   
 
Qui dit Pérou dit Amérique Latine. Qui dit Amérique Latine dit SALSA !!! Faites un tour au « Son de Cuba » à Miraflores et prenez-y des cours de salsa. Si vous ne le trouvez pas, cela n’a pas d’importance car la salsa se danse dans tous les recoins de Lima et il est très facile de trouver un/une partenaire pour danser.Le jeudi, ne pas manquer de faire un tour au Sargento Pimienta, musique rock et ambiance caliente. Le vendredi les discothèques du bord de mer, à Larcomar, ouvrent leurs portes jusqu’au levé du jour. Vous y trouverez des latines qui vous changeront l’idée que vous vous faisiez des péruviennes. En réalité (désolé si je vous déçois), la toute ridée, vieille, moche, avec son poncho, son lama et son bonnet péruvien, accompagnant son mari qui joue de la flûte de pan, se voit plus facilement sur une carte postale que dans Lima.  

 


…où voyager,  Le pays se découpe en trois zones principales. On notera la côte, la sierra (Cordillère des Andes) et enfin la selva (jungle amazonienne).N’hésitez pas à vous procurer un guide de voyage sur le Pérou (le Lonely Planet est excellent, mais il en existe d’autres).Trois zones, trois différences culturelles. Profitez des bus économiques pour longer la côte pacifique ou encore traverser la cordillère des andes. Vous pourrez aussi prendre le fameux train de Huancayo (le 2ème plus haut du monde ) dans lequel Tintin voyage dans l’album « Le temple du soleil ». Une fois passés les 5400m d’altitude, vous comprendrez pourquoi à votre monté dans le train il y avait une infirmière avec une bonbonne d’oxygène. Depuis Lima, le voyage dure 12heures.  Enfin, la forêt amazonienne. Préférez voyager en petit groupe et organisez-vous un voyage de 3 jours minimum. Vous dormirez à la pleine lune, vous pêcherez des piranhas, vous nagerez avec les dauphins au ventre rose,  découvrirez des paysages d’une grande beauté et surtout une tranquillité à vous faire oublier le stress de la ville. Il est indispensable de voyager avec un guide. On ne s’aventure pas seul dans la jungle car cela est beaucoup trop dangereux. Vous aurez peut être l’occasion de faire connaissance avec un guérisseur, plus communément appelé chaman par les Européens, et pourrez peut être goûter l’Ayahuaska lors d’une cérémonie dirigée par le chaman.

 

Après avoir fait le tour du pays, laissez vous tenter par l'esprit "Mochillero", comme nous l'avons fait durant 9 semaines, (avec Jb (se dit Rhota B en español), Señor Guérin', Señor Clementino et moi même). Nous avons ainsi traversé le Chili, l'Argentine, l'Uruguay, le Brésil, le Paraguay, et la Bolive. Comptez 1 dolar pour faire une heure de bus. La boucle que nous avons fait représente 320h de bus. Voyagez de nuit, vous économiserez les nuits d'hôtel et n'aurez pas l'impression de perdre votre temps. Les principales étapes du voyage ont été : Lima (départ le 15 décembre 2007), Santiago du Chili (Chili), Cordoba et Buenos Aires (Argentine), Montevideo (Capitale d'Uruguay), remonté avec escales jusqu'à Rio de Janeiro (Carnaval, c'est fou !!!), retour sur nos pas pour aller au Fausses d'Iguazu (plus grosses chuttes d'eau au monde), Asunción (Capitale du Paraguay, désert de sel d'Uyuni (12000Km2 de sel à 3600m d'altitude), La Paz (Capitale bolivienne), la route de la mort en VTT (départ à 4780m d'altitude), et enfin le lac TitiCaca (le lac le plus haut du monde).

 

 …et ces quelques conseils,  Le Pérou est très différent de la France. Ne venez pas au Pérou pour y trouver ce que vous trouvez en France car vous risqueriez d’être déçus. Pensez « nouveau monde », pensez ouverture d’esprit ! Eviter de tout comparer avec la France, c’est souvent très tentant, mais bien souvent inutile. Négocier le prix du taxi avant de monter à bord et préférez ceux de couleur jaune (plus sûrs). Utilisez les transports en communs, c’est chaotique mais on y découvre toute une classe sociale ! Le ticket coûte environ 1 sol. Evitez les gros billets car les chauffeurs auront du mal à vous rendre la monnaie. Dans le bus (appelé combi ou micro), soyez courtois. Il est courant de laisser sa place aux personnes âgées ou aux femmes.Enfin n’oubliez pas de mettre à jours vos vaccins avant de partir !  Voilà, c’est un petit résumé qui je l’espère donne quelques éléments de réponse pour préparer son départ au Pérou. Si vous souhaitez connaitre plus de détail vous pouvez m'envoyer un mail (alexdu442@hotmail.com) ou faire un tour sur www.alexaupaysdeslamas.skyrock.com

Listo para viajar ?

 

Alexandre Lecommandeur

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 04:04
En novembre 2007, pendant mon excursion dans la forêt amazonienne, j’ai eu la chance de rencontrer un chaman avec lequel j’ai pu vivre une expérience profonde que je vous propose de partager dans cet article. Certaines personnes pourront penser que je suis fou, d’autres que je suis amusant peut être… J’espère être un peu des deux finalement.
Je veux donc vous parler de médecines traditionnelles, de choses irrationnelles, de chamans, de plantes, d’esprits et de voyage.






















Aventure et mystères au cœur de la jungle.


Depuis des milliers d’années, les populations indigènes d’Amérique Latine utilisent les plantes de la forêt pour soigner de nombreuses maladies. Selon les indigènes, le corps est habité par un esprit qui est victime d’agressions et souffre de mal être. Ces souffrances de l’esprit se transmettent au corps sous la forme des maladies que nous connaissons. Pour soigner ces maladies, il est indispensable d’attaquer le problème dès la racine car le corps ne pourra se soigner que si l’esprit est lui-même « libéré » du mal qui le ronge.

Mon voyage dans la jungle a donc pris une tournure différente à celle pour laquelle je m’étais préparé. Le voyage « découverte de la nature » a été un voyage « découverte de moi-même ».

Arrivée en terre hostile ?

A mon arrivée à Pucallpa (Pérou) la descente de l’avion est déjà surprenante. La température au sol approche les 30ºC et l’humidité avoisine les 70%. J’essaye de prendre quelques photos mais un militaire accompagné de son arme, de type mitraillette, me dit gentiment avec le doigt sur la gâchette que je ne peux pas prendre de photos. Je ne souhaite pas contrarier l’homme et range mon appareil.

Un guide m’attend à la sortie de l’aérodrome. Je monte à bord d’une moto taxi et me dirige vers la rivière Ucayali (affluent du fleuve Amazone) où je prends place sur une embarcation appelée « Mi normita ». Je suis venu avec quelques amis, deux garçons, deux filles. Nous faisons connaissance avec le guide, Gilberto, et parlons de ce que nous découvrons : maisons sur pilotis, faune, flore. Nous lui expliquons comment nous avons pensé vivre ce voyage dans la jungle. Ce soir nous dormirons dans le village de Gilberto, accessible que par bateau, et demain nous commencerons notre voyage dès le levé du soleil.

Lors de notre discussion avec le guide, nous abordons le sujet de l’Ayahuasca. Cette plante provoque des visions et plonge le sujet dans des états modifiés de conscience. Elle est utilisée à des fins médicinales ou divinatoires. Dans notre petit groupe de 5 (un espagnol, un français, une belge, une suédoise et moi-même) la curiosité est palpable. Notre guide nous propose alors de rencontrer le chaman du village et d’effectuer une cérémonie avec ce « pharmacien » du troisième âge. Les garçons acceptent, les filles renoncent à l’expérience.

Première cérémonie d’Ayahuasca dans la jungle.

Le soleil vient de se coucher, il est 20h00. Un silence pesant s’est emparé du village de Gilberto. Au loin, les hurlements d’un chien. Nous avons tous le ventre creux car nous n’avons rien mangé depuis le petit déjeuner de ce matin. La prise d’Ayahuasca commence par un jeûne durant lequel le patient ne devra manger ni graisse, ni sel, ni viande. En fait, il ne devra pas manger.  Il est important de respecter les consignes du guide car le non respect de ces quelques règles pourrait s’avérer dangereux et inverser les effets bénéfiques de la plante, voire causer la mort. Nous suivons Gilberto qui nous guide entre les arbres et les buissons. Bientôt nous ne voyons plus les lumières du village que nous avons laissées derrière nous et nous nous enfonçons plus profondément dans la jungle. Nous nous faisons peur à nous même car la lune, dont la clarté filtre au travers des feuillages, dessine des ombres qui semblent parfois nous surveiller.

Soudain Gilbert fait demi-tour. Il a oublié quelque chose au village et nous dit de continuer seuls... 

Nous continuons avec nos lanternes frontales et tentons de ne pas perdre de vue ce qui est théoriquement un chemin. Nous atteignons alors une construction de fortune où nous passerons la nuit. Il s’agit d’un toit en feuilles de palmes sous lequel une moustiquaire a été suspendue pour l’occasion. Une voix s’en échappe et nous invite à nous glisser à l’intérieur. Nous nous retrouvons seuls avec le chaman.

Chaman, sorcier, de quoi parle-t-on ?

Nous enlevons nos chaussures et entrons sous la moustiquaire où l’homme de petite taille nous attendait depuis plusieurs heures. A l’intérieur, un drap recouvre le sol et des oreillers sont disposés aux quatre coins. Je remarque également la présence de seaux en plastique. Nous éteignons nos lanternes et rapidement notre vue s’accommode à l’obscurité. Je ne vois pas distinctement mes compagnons mais je distingue leur silhouette. Quelques moustiques ont réussis à se joindre à nous. Nous leur donnons la chasse et rapidement les derniers battements d’ailes s’éteignent sous une pression meurtrière de nos mains qui s’entrechoquent en faisant « clap ! ». Le petit homme nous convie à nous asseoir et à prendre nos aises. Les oreillers sont là pour notre confort et atténuent les déformations du sol.

Gilbert qui était parti au village est maintenant revenu ; nous pouvons commencer la cérémonie.

Le chaman nous explique qu’il est important que nous formions un cercle à l’intérieur duquel il souhaite que nous ne mettions pas les pieds. Ce cercle est notre « espace de travail ». Nous pouvons donc être assis en tailleur, allongés sur le dos, sur le ventre ; l’important étant de garder les pieds hors du cercle. Il tire ensuite de sa sacoche une bouteille en plastique qui contient la préparation à base d’ayahuasca et de chacruna. A première vue la bouteille me fait plutôt rire. On parle de magie, sorcellerie, esprits, voyage spirituel, d’ayahuasca et de chaman et la boisson est là dans une vulgaire bouteille en plastique. Je m’attendais à quelque chose de plus « fascinant ». Je suis déçu. Dans Indiana Jones et le temple maudit, le personnage principal boit sa potion magique dans un calice. C’est déjà moins ordinaire qu’une bouteille en plastique.

Je suis un peu anxieux et explique que je n’ai jamais pris de drogues. Je ne sais donc pas comment je pourrai réagir au breuvage. Je demande alors si je ne pourrai pas faire un arrêt cardiaque malgré mon jeune âge. L’homme me rassure et m’explique que ce soir personne ne consommera de drogue. La plante est « buena » pour la santé, pour le corps et pour l’esprit. Le petit homme me répète que je n’ai rien à craindre, que l’esprit de l’Ayahuasca est bon et qu’il est lui-même présent pour veiller sur nous. Il m’explique qu’il est capable de faire « monter » ou « baisser » les effets de la plante sur mon organisme.

L’homme se dresse sur ses deux jambes et prend la parole. Il nous remercie d’être venus dans son village, d’avoir apporté avec nous nos énergies positives. Il explique qu’il sait que ce soir les esprits de la jungle seront présents et qu’il est lui-même content d’être avec nous ce soir. Il remercie ensuite la mère nature et enfin « l’esprit » de l’ayahuasca à qui il demande de veiller sur nous ce soir. Tout son discourt nous laisse silencieux. A ce moment là, je ne sais pas ce que pensent mes deux amis, mais personnellement je me demande si l’homme a toute sa raison où s’il nous prend pour des idiots.

Il prend ensuite un verre de petite taille dans lequel il verse un peu de sa préparation réalisée à base d’Ayahuasca. En Quechua, Ayahuasca signifie « Liane des morts », « liane des esprits » ou encore « liane des âmes ». Il semble que son utilisation est connue des amérindiens depuis 4000 à 5000 ans. Elle est utilisée pour entrer en transe dans un but divinatoire ou comme outil thérapeutique.

Ma curiosité est grandissante, mon pouls s’accélère. Le chaman est face à moi, il tend les bras et lève le verre au dessus de ma tête. Je l’observe et reste perplexe. Il porte maintenant le verre devant ses lèvres et semble chuchoter un refrain que je n’arrive pas à comprendre. Enfin, il souffle sur la surface comme s’il souhaitait la refroidir ou lui manifester une certaine complicité. Il me tend la boisson qu’il me conseille de boire d’un seul coup. Je prends le verre, regarde une dernière fois mes amis et remarque qu’ils sont impatients de boire la « potion magique ».

« Baaaaahhh, quelle horreur !!! » Cette boisson est unique, cela ne fait aucun doute ! Je n’ai jamais rien bu d’aussi dégouttant. Mes amis rigolent en m’écoutant me plaindre des saveurs surprenantes que dégage l’Ayahuasca. L’amertume inonde mon palet, pénètre sous ma langue et se glisse depuis ma gorge jusqu’au fond de mon estomac. C’est un peu piquant, ça réchauffe et ça continu d’être dégouttant.

Vient le tour de mes amis. Je rigole en les écoutant commenter leurs premières impressions. Je comprends que je ne suis pas le seul à ne pas souhaiter boire un deuxième « cul sec » pour le moment. Notre petit homme prend lui aussi sa dose mais se contente du cinquième de ce que nous venons d’envoyer par le fond. Il nous explique qu’il boit quotidiennement cette horreur au même titre que nous buvons quotidiennement une bière après le travail. L’ambiance s’est détendue car nous constatons que nous sommes toujours vivants.

La première question que je me suis ensuite posé était la suivante : « Et alors ? Vois-je des choses, des apparitions, des esprits, des visions ? Non, rien. » Je m’allonge, écoute les bruits qui résonnent au loin. Toujours ce même chien qui semble ne pas vouloir nous laisser jouir de notre première soirée bercée par la tranquillité de la jungle. Soudain le bruit d’un moteur. Peut être un pêcheur qui rentre tard au village, ou peut être encore le bateau d’un cartel de drogue qui profite de la nuit pour déplacer sa marchandise à l’abri des regards indiscrets. Bref, la question n’est pas là. Je me concentre sur mes sens et reste à l’écoute de mon corps. Pour le moment je ne constate aucun effet résultant de l’ingestion du breuvage. Je demande à mes deux compagnons comment se sentent-ils ? La réponse me rassure et me déçois. Tout le monde semble être parfaitement lucide, personne ne ressent le moindre effet. Nous commençons à plaisanter avec notre guide et notre pharmacien. Ils nous racontent alors l’histoire d’un allemand qui était venu ici il y a quelques années pour s’initier à l’Ayahuasca. L’homme était grand et fort. Un allemand vous me direz ! Celui-ci avait ressentit de forts effets avec la plante et c’était pris pour un cochon. Il avait d’abord commencé à faire des bruits amusants, puis soudain était devenu fou semble t’il. Il était sorti de la tente (moustiquaire en réalité) pour aller répandre ses excréments dans l’herbe et se rouler dedans. Il voulait ensuite se jeter dans la rivière voisine ce qui avait fortement inquiété Gilberto et le chaman. Gilberto nous raconte qu’il tenta de retenir l’homme qui, trop grand et trop fort, était incontrôlable. Pour éviter que le misérable se noie, ils avaient alors attrapé une corde et attaché l’allemand à un arbre. La partie moins amusante pour Gilberto, s’est qu’il dû enlever les vêtements souillés du « cochon » et le nettoyer car il empestait à des mètres à la ronde.

Le calme revient, le temps passe. Cela fait maintenant 30 minutes que nous sommes ensemble au beau milieu de nulle part. Les effets de la plante se manifestent par de grosses éructations venant des profondeurs de nos entrailles. Je crois que ce soir il ne se passera rien de vraiment mystique. Mon estomac semble être agité mais je ne peux pas lui en vouloir. C’est un peu de ma faute… Un rot, puis un autre rot. Ce n’était vraiment pas bon à boire. Je commence à me sentir mal. Jusque là je n’avais pas de nausées mais je commence à présent à avoir des bouffés de chaleur. Puis ma bouche me lance un signal d’alerte. Elle salive et semble ne pas vouloir se calmer ! Je connais ces symptômes : ils annoncent une évacuation stomacale par voie buccale. Le rideau va bientôt tomber. Je demande des renforts, lance un S.O.S : « Passez moi un seau, vite, je me sens mal ! »

J'attrape le seau en plastique et apprécie sa présence qui me rassure. Je me penche au dessus. Je commence à fixer le fonds et là tout bascule. Que se passe-t-il ? Juste là devant moi, au fonds de ce seau parfaitement normale, j’aperçois des ombres obscures qui virevoltent. Une bouffé de chaleur insupportable et une nausée incontrôlable me font lancer ma première purge. Je ne comprends rien, je n’ai pratiquement rien mangé depuis 24heures (hormis une banane ou deux) et je suis là en train d’évacuer des litres de vomi. L’effort est intense, le corps donne tout ce qu’il peut. Je rouvre les yeux et n’en reviens pas : à 20 cm devant moi, s’anime un ballet de masques et de visages dont je ne connais pas l’origine. Ici des représentations africaines et là ce qui ressemble à des divinités égyptiennes. Des regards surgissent de l’obscurité, des yeux malveillants. Ils vont et ils viennent. Je ne comprends pas, suis-je en train de rêver ? Suis-je fou ? Je relève la tête et témoigne à mes amis ce qui est en train de se passer au fonds de ce seau. Une nouvelle crampe à l’estomac me rappelle et me tire telle une force invisible au dessus de mon seau qui à présent ressemble plus à un gouffre obscure. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ma purge n’est pas terminée et c’est au total plus de 2,5 litres de m…. qui sortiront par ma bouche.

Je continue d’avoir chaud, la plante est peut être plus active que ce que je pensais finalement. A présent c’est du délire, je vois des crocodiles, des serpents, des gueules ouvertes et de grandes mâchoires qui tentent de me happer. Le détail qui me fera même rire, c’est les fourchettes qui défilent sous mes yeux. Bien sur je n’ai pas peur des fourchettes !  

Le chaman est là, il veille et rassure. Il me dit que je ne dois pas essayer de me retenir, ni essayer de me forcer à vomir. Cela fait partie du travail de l’ayahuasca. Première étape : la purge corporelle.

Une dernière nausée me fait évacuer tout ce qu'il y a d'encore mauvais en moi et soudain j’aperçois dans cet univers d’obscurité une lumière qui m’appelle et me dit qu’à présent tout va bien, que je n’ai qu’à la suivre…

[fin 1ère partie]

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